• Cartographie d'Alger

    Il est des lieux qui loin des regards, portent une histoire, un moment de vie arraché. Des lieux chargés d’émotions pour beaucoup en particulier parce que l’accès leur y est désormais interdit. La jetée du port d’Alger, la crique et la plage du Club des Pins, le village de Moretti, la Pinède, le Palais du Peuple ou encore le « Bois de l’Atlas », plus connu par le bois de Boulogne au Golf… sont autant d’espaces inaccessibles aujourd’hui au public.

    « Ya hasra ala Zman »

    Mustapha Si Chaib est retraité. Depuis toujours, il a habité le Golf. Avec beaucoup d’émotion, il évoque ses souvenirs d’enfance dans le bois de Boulogne, situé derrière la présidence, surnommé depuis l’Indépendance « le bois de l’Atlas ». « En 1969, j’avais 17 ans. J’étais membre du club sportif d’El Mouradia, le RAMA. On allait régulièrement s’oxygéner dans le bois. Cette forêt était le point de chute privilégié des familles d’Alger. En comparaison, c’était probablement, notre Bouchaoui de maintenant. Très souvent en fin de semaine, des familles s’y installaient pour pique-niquer et se reposer. D’autres venaient pour leur footing quotidien », nous dit M. Si Chaib.

    Mustapha se rappelle : dans un coin de ce bois qui s’étend sur 23 hectares, il y avait des aires de jeux mais également une petite caserne militaire. « Il y avait un boulodrome mitoyen à la villa de Cheikh Taleb Ibrahimi à proximité du commissariat de police. D’ailleurs, à un certain moment, une partie de la bâtisse a fait office de bar géré par le fils Ibrahim. Mais, lui aussi, a fermé depuis très longtemps », raconte le retraité.

    Mustapha a vu la caserne s’étendre peu à peu pour occuper l’ensemble du bois, devenu interdit au public. Durant la décennie noire, les autorités ont fermé la route qui mène vers l’ancien siège du ministère des Affaires étrangères. « Il n’y a pas eu que la forêt, il y a le cinéma et le terrain de foot qui ont disparu aussi. Ce dernier est utilisé par le ministère des Affaires étrangères », affirme Mustapha.

    bois de boulogne

    « Je n’oublierai jamais le Rolling à l’Amirauté »

    Ramdan se souvient avec nostalgie de l’époque, où il était encore possible de s’amuser sur les quais du port d’Alger. Ce sexagénaire était accro à la voile et c’est au Rolling club qu’il avait choisi d’adhérer. « C’est une autre époque. Tout ça me parait loin maintenant. Mais je garde en mémoire, intacts, ces moments extraordinaires, où tous les accès étaient encore libres. J’étais jeune et j’adorais me rendre au Rolling avec mes amis sur la jetée de l’Amirauté, aujourd’hui, ce n’est malheureusement plus possible », confie Ramdan.

    Peu avant le début des années 1980, le club favori des amateurs de voile et d’aviron a été fermé et interdit au public. L’endroit est devenu « une zone militaire ».

    amirauté

    Moretti et Club des Pins, tout un symbole

    De tous les endroits interdits aux Algériens, Club des Pins et Moretti sont sans doute les plus célèbres. À eux deux, ils symbolisent beaucoup de choses, notamment cette Algérie fermée réservée à ceux qui détiennent le pouvoir.

    Issam, 40 ans, se souvient des années où les plages de Club des Pins et de Moretti étaient accessibles à tout le monde, sans distinction. « On y allait à l’aventure. Tout le monde se connaissait et puis l’eau était si claire et tellement limpide ». Issam précise qu’il y avait du beau monde. Des « ouled flen » (les fils de…) mais aussi des enfants du peuple. Mais au début des années 1990, le pouvoir, prétextant les problèmes de terrorisme, a confisqué ces deux endroits pour en faire une résidence d’État dont le périmètre ne cesse de s’étendre. L’accès y est interdit sauf pour les résidents et quelques privilégiés qui possèdent « un badge d’accès ».

    club des pins

    Du Palais du peuple au bureau du Président

    Amel Benghazala est artiste peintre. Le Palais du peuple, elle l’a connu quand elle était encore étudiante à l’École nationale des Beaux-Arts d’Alger. C’était entre la fin des années 1980 jusqu’à 1993. « Il suffisait de traverser la route pour respirer.  Le Palais du peuple, c’était le poumon d’Alger. Les arbres y sont centenaires. Il y avait des bassins où des poissons de toutes couleurs nageaient et puis un musée d’histoire nationale ou l’on pouvait s’interroger sur les animaux empaillés », détaille Amel.

    Elle et ses camarades allaient peindre au pied des arbres. « On peignait là-bas. On s’y promenait en amoureux… On pouvait aussi assister à des spectacles artistiques et des défilés organisés par la direction de l’ex-Palais d’été. L’édifice a été réquisitionné par l’État en 1992. Depuis, il est interdit au public.

    Palais d'été

    « ‘La Pinède’, c’était très funky »

    « La Pinède, c’était les années 1980 » s’exclame Farid. Un saut dans le passé, il y a plus de 30 ans. Autant dire un voyage dans le temps. « C’était au milieu de la forêt, à la frontière entre Club des Pins et Moretti. Quel souvenir !  On s’asseyait sur des troncs d’arbres et on avait le fils de Chadli Bendjedid comme voisin de table dans la boîte de nuit la plus tendance de l’époque », se souvient-il.

    Farid était devenu un habitué de cette discothèque très prisée par la jeunesse algérienne. Farid garde en tête les rythmes de la funk et des tubes signés Mickael Jackson ou encore Prince. Pour lui, c’est une perte énorme pour les riverains comme pour les Algérois que ce haut lieu touristique ne soit plus accessible qu’à une frange de la société.

    « Le public, c’est de l’autre côté du mur officiel »

    Mohamed, bientôt la cinquantaine, est fonctionnaire à Alger. Natif d’Oran, il s’est installé dans la capitale dans les années 1980. Il ne ratait aucune occasion pour aller se baigner. Il se souvient très bien de cette époque. « J’allais le plus souvent possible à la mer. Je garde en mémoire les plages de Sidi Fredj et Zeralda. On les a divisées en deux parties. Aujourd’hui, la meilleure est devenue le Centre de repos familial pour l’armée (CRF). À l’époque, je crois que c’était le ministère du Tourisme qui a octroyé ces parcelles de plages publiques aux militaires. Depuis, on est obligé de se serrer de l’autre côté du mur officiel », déplore t-il.

    Le CRF de sidi Fredj se situe du côté de la plage ouest dont le périmètre a sensiblement rétréci puisque le président Bouteflika y possède également une résidence familiale. Il y a ensuite, entre Palm Beach et le CRF, un petit lot de plage avec fronton qui sert à accoster les bateaux de certaines personnalités. Évidemment, ces lieux restent strictement interdits au public.

    À Zeralda, la plage réservée aux militaires se trouve à proximité de l’hôtel « Sables d’or ». « Il est impossible d’y accéder sans une carte militaire ! », conclut Mohamed.


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  • Dounia Parc : chronique d’un incroyable gâchis

     
    Par - Hadjer Guenanfa 
    Le ministre de l’Aménagement du territoire, du Tourisme et de l’Artisanat, Abdelouahab Nouri, avait dénoncé, le 25 août dernier, la distribution illégale de lots de terrain d’une superficie totale de 65 hectares du Parc des Grands Vents à Alger. (Photo H.G ©)
    LE MINISTRE DE L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE, DU TOURISME ET DE L’ARTISANAT, ABDELOUAHAB NOURI, AVAIT DÉNONCÉ, LE 25 AOÛT DERNIER, LA DISTRIBUTION ILLÉGALE DE LOTS DE TERRAIN D’UNE SUPERFICIE TOTALE DE 65 HECTARES DU PARC DES GRANDS VENTS À ALGER. (PHOTO H.G ©)

    À l’entrée du Parc des grands vents à Dely Brahim, trois gardiens sont assis l’un à côté de l’autre sur des chaises derrière la grille du portail. Ils portent des gilets vert-bouteille. Il est 11h30. Le thermomètre affiche 35 degrés à l’ombre. « Le parking se trouve à l’extérieur », lance l’un d’eux à un automobiliste. « Y-a-t-il un endroit pour acheter de l’eau et pour déjeuner ? », lui demande-t-on. Le gardien sourit : « Il n’y a absolument rien. Achetez ce dont vous avez besoin avant d’entrer à l’intérieur du parc parce qu’il fait extrêmement chaud », prévient-il.

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    Sacs en plastique, bouteilles et chaussures abandonnées…

    « Il doit faire frais à l’intérieur. C’est un espace vert, n’est-ce pas ? », s’amuse le visiteur. « Ce sont des espaces jaunes pour l’instant comme vous pouvez le voir. Mieux vaut s’installer près du lac. Bon courage ! », suggère le gardien. Le petit lac est le seul plan d’eau sur les 1059 hectares du Parc Dounia, situé à l’ouest d’Alger. Le visiteur doit parcourir une piste de quelques centaines de mètres pour y arriver. Sur le chemin, broussailles, des sacs en plastique, des bouteilles d’eau minérale ou des chaussures abandonnées.

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    Les panneaux d’indication sont penchés. Les barrières en bois ont du mal à tenir. Des arbres et quelques arbustes en souffrance complètent un paysage d’abandon. Près du Petit lac, une plateforme a vu le jour mais les travaux semblent avoir été interrompus. Le parc est presque vide à cette heure de la journée. Seuls quelques couples fuyant les regards de la ville semblent pouvoir supporter la chaleur accablante de midi.


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    « Vous n’avez pas le droit de prendre des photos », signale l’un des rares agents de sécurité rencontrés sur les lieux. « Vous pouvez vous prendre en photo dans le parc. Mais il est interdit de prendre des photos du parc », insiste le jeune homme accompagné de son chien avant de s’installer sur un banc à côté de son collègue. Ils sont près de l’aire de jeux aménagée pour les enfants. Sur place, trois petits garçons tentent de s’amuser malgré la soif qui les tourmente depuis un bon moment. Ils se sont venus seuls de l’une des nombreuses cités qui entourent le Parc des grands vents.

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    En plus de cette situation d’abandon, le projet vient d’être secoué par un nouveau scandale : l’attribution de manière illégale à des privilégiés pour construire des fast-foods. « Ces lots ont été attribués d’une façon illégale », a accusé le ministre du Tourisme Abdelouahab Nouri qui a dénoncé « un crime au sens propre du terme ».

    Un ancien haut responsable qui a travaillé sur ce projet ne comprend pas : « C’est comme si on attribuait des terrains à l’intérieur du jardin d’essai d’El Hamma ou dans le Parc Monceau à Paris. C’est interdit ».

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    Histoire d’un projet futuriste

    Dounia Parc est considéré comme le plus grand parc périurbain au monde. Le projet a été imaginé et conçu par le cabinet américain McKinsey à la demande du fonds d’investissement émirati EIIC. C’était au milieu des années 2000. L’Algérie s’ouvrait aux investisseurs étrangers et le gouvernement était à la recherche d’un projet pour moderniser Alger.

    Après plusieurs mois de travail, les experts du cabinet sont arrivés à deux constats majeurs. Le premier : Alger est dix fois moins verte que Rabat et neuf fois moins que Tunis. La capitale algérienne n’a plus de poumons. Le second constat est plus déterminant : le lien social est rompu dans la capitale après 15 ans de terrorisme. Les Algérois ne vivent plus ensemble.

    D’un côté, les hauts cadres de l’État et les classes aisées vivent à l’ouest d’Alger dans des zones inaccessibles pour les autres citoyens. Une zone comme Club des Pins est devenue interdite alors que dans les années 1980, les Algérois pouvaient s’y baigner en toute liberté. De l’autre côté, l’insécurité a créé d’autres zones inaccessibles, notamment dans les quartiers populaires.

    | LIRE AUSSI Alger, cartographie des zones interdites au public

    Refaire l’expérience du vivre-ensemble

    Le projet du cabinet américain proposait d’apporter une réponse urbanistique au problème de rupture du lien social. Comment ? En construisant une mini-ville écologique, à proximité d’un grand parc de loisirs accessible à toute la population d’Alger. Les urbanistes du cabinet ont conçu une ville où des villas et des appartements de haut standing allaient cohabiter dans le même espace avec des constructions plus modestes destinées à accueillir d’autres couches sociales. En échange, EIIC s’engageait à aménager le parc pour offrir à tous les Algérois un espace de détente et de loisirs.

    L’idée était de permettre aux Algériens de refaire l’expérience du vivre-ensemble et recomposer le lien social après les années de terrorisme. Mais rapidement, l’initiative a été détournée de sa vocation initiale.

    Les raisons de l’échec sont notamment liées à l’instabilité managériale chez EIIC. Plusieurs directeurs se sont succédé à la tête du fonds en quelques années. La crise financière mondiale a aggravé les choses : le fonds a perdu d’importantes sommes d’argent en Bourse. Mais il y a aussi la responsabilité du gouvernement algérien.

    Résultat : Dounia s’est d’abord transformé en projet immobilier puis, faute de moyens financiers pour construire, en projet de parc d’attraction livré à l’anarchie puis à la prédation.

    Le silence de Abdelwahab Nouri

    Lors de sa visite d’inspection à Tipasa, le ministre de l’Aménagement du territoire, du tourisme et de l’artisanat a accusé « des gens », sans les citer, de s’être « permis de distribuer des lots de terrain « de manière illégale et clandestine » et « sans la prise en compte des moindres conditions juridiques ».

    Abdelwahab Nouri s’est toutefois retenu de faire le point sur ce projet qui traîne depuis plusieurs années. Nos tentatives de le joindre sont restées vaines. Répondra-t-il aux nombreuses questions, qu’il a lui-même suscitées, à l’ouverture de la session parlementaire le 4 septembre prochain ?


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    « Panama papers » : malversations d’un importateur algérien de poudre de lait

     

     

    La vache à lait version algérienne.

    En Algérie, l’importation de poudre de lait a permis de bâtir des fortunes, parfois douteuses. Et des sociétés offshore ont été utilisées pour gonfler les prix et engranger à la fois profits et subventions. C’est en tout cas ce que permettent de comprendre les documents « Panama papers », obtenus par la Süddeutsche Zeitung et le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) dont Le Monde est partenaire. On y découvre que le fabricant de lait en sachet, Zoubir Bererhi, 73 ans, dispose de deux compagnies offshore : Dairy Food Ingredients Ltd et Oxford Chemical Ltd. Il en est le bénéficiaire économique en association avec son fils Jawed, 45 ans. Celui-ci est directeur de l’usine d’Oued Smar, dans la banlieue d’Alger, gérée par la société de son père, la SARL Liko.

    Lire aussi :   Algérie: les dessous de l’ascension fulgurante de l’industriel Issad Rebrab

    Les Bererhi ont recouru aux services du cabinet panaméen Mossack Fonseca – mis en cause dans les « Panama papers » – par le biais de la société genevoise de gestion de fortune Fiducior SA pour domicilier leurs deux sociétés aux îles Vierges britanniques. Les deux compagnies étaient destinées à la gestion de portefeuilles placés à la banque Credit suisse, à Genève. Mais l’une d’entre elles, Dairy Food Ingredients Ltd, a aussi servi d’intermédiaire pour d’importantes transactions. Les Bererhi lui faisaient acheter de la poudre de lait au prix du marché, en Ukraine notamment, avant de la revendre en Algérie… à eux-mêmes, à un prix bien supérieur. Le tout en évitant que cela se sache.

    Dans un courriel du 2 novembre 2009 à l’antenne genevoise de Mossack Fonseca, le fondé de pouvoir des Bererhi, Jean Sunier, employé de Fiducior SA, prévient le cabinet panaméen d’éventuelles vérifications des douanes algériennes. Il lui demande de ne pas mentionner que M. Bererhi contrôle Dairy Food Ingredients Ltd. Le contrat en question est signé par Jawed Bererhi pour le compte de Liko. Il porte sur l’achat à une société, sans doute ukrainienne (le nom n’apparaît pas), de 700 tonnes de poudre de lait au prix de 5 600 dollars la tonne, pour un montant total de 3,92 millions de dollars (3,5 millions d’euros). Et cela, alors qu’en 2009 la tonne de poudre de lait valait en moyenne 2 400 dollars sur le marché mondial.

    Cette même année, les importations de poudre de lait en Algérie ont atteint 93 000 tonnes pour une valeur de plus de 220 millions de dollars, soit un prix moyen équivalent à celui du marché, 2 400 dollars, selon le Centre national de l’informatique et des statistiques (CNIS) des douanes algériennes. Et pourtant, les 6 300 tonnes importées d’Ukraine – notamment celles de Liko – étaient facturées en moyenne un peu plus de 4 000 dollars.

    Le lait,  de base d’une grande partie des Algériens, avec 115 litres consommés par habitant et par an, selon le ministère de l’agriculture et du développement, figure en tête des produits que l’Etat algérien subventionne à coups de centaines de millions de dollars chaque année. Le marché du lait est estimé à 5 milliards de litres par an : 177 laiteries se partagent ce marché (15 appartiennent au groupe public Giplait, qui détient un tiers du marché, et 162 laiteries privées se répartissent le reste).

    Selon le système qui prévalait jusqu’en 2009, date du changement de la politique de subvention, le gouvernement maintenait le prix du litre à 25 dinars (0,20 euro) grâce à des subventions versées aux producteurs par l’intermédiaire du fonds de compensation pour les produits alimentaires. Plus le coût déclaré par les importateurs et producteurs était élevé, plus ils recevaient de subventions, pour maintenir le litre de lait à 25 dinars.

    Les arnaques sur le lait algérien, calculette en main

    A 2 400 dollars la tonne en 2009, les 103 grammes de poudre en sachet nécessaires à la production d’un litre de lait reviennent à 17,4 dinars au taux de change de l’époque (1 dollar valait 70 dinars). A considérer que la matière première représente 90 % du coût de revient du sachet du lait – le reste étant la masse salariale, l’emballage, l’amortissement et les charges diverses, comme l’électricité, ainsi que les impôts et les taxes –, le litre de lait revient à 19,3 dinars. En additionnant la marge que prend le transformateur (5 dinars), cela fait 24,3 dinars. Le prix public étant fixé 23,35 dinars à la sortie de l’usine pour 25 dinars en magasin, l’Etat aurait versé à Liko 1 dinar pour chaque litre produit.

    Mais à 5 600 dollars la tonne, le prix pratiqué à plusieurs reprises par les Bererhi entre leur société offshore et Liko, le coût du sachet est de 40 dinars, ce qui leur donnait droit à 15 dinars du gouvernement pour chaque litre produit. Soit plus de 1,2 million de dollars de subventions par mois.

    Ce dispositif a longtemps favorisé les surfacturations à l’importation. Le montage triangulaire auquel recourent les Bererhi leur permettait ainsi de manipuler les prix de la matière première à leur guise. Leur société offshore, dont ils prétendaient ne pas être propriétaires, achetait la poudre au prix du marché mondial, et la revendait à leur propre laiterie parfois deux fois plus cher. Avec un triple avantage : toucher davantage de subventions, sortir des devises pour ces achats à valeur fictive, et engranger le bénéfice offshore.

    Dans les documents de Mossack Fonseca apparaissent douze opérations d’importation réalisées entre 2007 et 2009 par Liko, totalisant 4 080 tonnes pour une valeur de 22 millions de dollars. Soit 5 400 dollars la tonne, le double du prix du marché en 2009.

    partir de 2009, l’Etat algérien a renoncé au mécanisme de subvention aux producteurs afin de favoriser la collecte du lait cru en Algérie. La poudre de lait importée est désormais distribuée par l’Office national interprofessionnel du lait (ONIL) à prix fixe (et non plus à prix flottant) et subventionnée à 159 dinars le kilo (1 450 dollars la tonne au taux actuel du change). L’Etat accorde par ailleurs au transformateur une prime de 5 dinars par litre de lait cru local.

    Jusque-là, la surfacturation était un véritable sport national pour les importateurs, et pas seulement dans le secteur laitier. En 2012, pour des pratiques similaires découvertes par hasard, le laboratoire pharmaceutique Sanofi-Aventis Algérie avait été condamné à une amende de 26 millions de dollars et son directeur, condamné à un an de prison avec sursis.

    Les douze contrats d’importations de la SARL Liko consultés ont quant à eux été conclus alors que la société bénéficiait du régime de l’Agence nationale de développement de l’investissement (ANDI), lequel accorde d’importantes exonérations fiscales. La société s’en portait bien. Entre 2007 et 2008, selon une source proche de l’ANDI qui préfère garder l’anonymat, Liko a plus que doublé son chiffre d’affaires, passant de 673,6 millions à 1,5 milliard de dinars en 2008. Malgré ce doublement de l’activité, Liko est officiellement restée déficitaire ces années-là.

    Contacté à de multiples reprises par courriel et par téléphone, Zoubir Bererhi n’a pas voulu répondre à nos questions. Son fondé de pouvoir genevois, Jean Sunier, non plus.

    Un continent de secrets : une nouvelle série sur les « Panama papers » en Afrique

    Le Consortium international de journalistes d’investigation (ICIJ), dont Le Monde est partenaire, publie dès lundi 25 juillet une nouvelle série d’articles à partir des documents « Panama papers » sur l’évaporation des ressources en Afrique.

    La présentation (en anglais) de cette série est à trouver ici.

    Les 11,5 millions de documents issus du cabinet panaméen Mossack Fonseca mettent en lumière le rôle des sociétés offshore dans le pillage du continent, qu’il s’agisse de l’industrie du diamant en Sierra Leone, des structures de dissimulations du milliardaire nigérian Kolawole Aluko, propriétaire d’un yacht sur lequel Beyoncé a passé des vacances et lié à l’ancienne ministre du pétrole nigériane Diezani Alison-Madueke, ou le recours systématique aux paradis fiscaux par l’industrie extractive.

    Selon l’ICIJ, des sociétés issues de 52 des 54 pays africains ont recours à des structures offshore, participant à l’évaporation de 50 milliards de dollars d’Afrique chaque année. ICIJ, pour cette nouvelle série, s’est appuyé sur ses partenaires habituels ainsi que sur des journalistes en Algérie, au Ghana, en Tanzanie, au Niger, au Mozambique, à Maurice, au Burkina Faso et au Togo, coordonnés par le réseau indépendant ANCIR. 3212.html#WqxCOKudprlIZvCT.99


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    Lancement du passeport biométrique de 48 pages 

     

     

    ALGER – Le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales a annoncé mercredi le lancement du passeport biométrique composé de 48 pages. 

    Le lancement de ce passeport « facilite les déplacements à l’étranger d’un grand nombre de citoyens qui voyagent souvent », indiqué le ministère, qui invite les personnes désirant acquérir ce document de se rapprocher des services de la commune. 

    Le passeport biométrique de 48 pages évitera ainsi à son détenteur de renouveler à chaque fois ce document qui ne contient actuellement que 24 pages. 

    Le ministère a expliqué que le lancement du passeport biométrique de 48 pages s’inscrit dans le cadre de la modernisation et du rapprochement de l’administration du citoyen. 

     

     


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  • Accord de l’OPEP/ Quelles conséquences sur la situation financière de l’Algérie ?

     

    chute prix pétrole                                                  Accord de l’OPEP/ Quelles conséquences sur la situation financière de l’Algérie ?

    L’accord, qualifié d'”historique” par les observateurs du marché pétrolier, signé mercredi soir par les membres de l’OPEP devra permettre à l’Algérie de “souffler” sur le plan financier. C’est du moins ce que croit  le vice-président du Conseil économique et social (CNES), Mustapha Mékidéche. 

    Ce jeudi matin, sur les ondes de la radio Chaîne III, Mustapha Mékidèche considère que cet accord constituera une véritable bouée de sauvetage pour l’Algérie surtout en ce moment “où le pays est en phase de préparation des budgets pour l’année 2017”. Cet accord devrait permettre à notre pays de limiter un déficit budgétaire “qui s’annonce important”, explique le vice-président du CNES.

    Mais pour que cet accord puisse vraiment se concrétiser, il reste maintenant à mettre en place le comité chargé de définir les quotas de chaque pays producteur, pour soutenir les cours du brut “durablement”, avertit Mustapha Mékidèche. Ce dernier a  mis, enfin, en exergue le rôle majeur joué par la délégation Algérienne, dont les incessants efforts dit-il, ont permis de réaliser un accord entre les pays participants “qui tienne compte des intérêts de chacun parmi eux”.


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