• Concepteur du drapeau algérien/ Chawki Mostefaï tire sa révérence

     

    Un autre géant de la lutte pour l’indépendance nationale s’en va. Le docteur Chawki Mostefaï, concepteur du drapeau algérien est décédé, ce dimanche, à Alger à l’âge de 97 ans.

    Chawki Mostefaï, né en 1919 à M’sila, d’une famille originaire de Bordj-Bou  Arréridj, fut un des principaux dirigeants du mouvement national. Il a obtenu, en 1938, un baccalauréat en philosophie qui l’a conduit à mener des études en médecine à Alger, puis à Paris. C’est également pendant cette période qu’il a entamé sa carrière militante au sein du PPA (Parti du peuple algérien). C’est d’ailleurs lui qui a conçu, en 1945, le drapeau algérien que l’épouse de Messali Hadj avait cousu dans sa maison algéroise.

    Chawki Mostefaï a occupé, dès 1955, des postes importants au sein du FLN. Il est devenu «ambassadeur» de la révolution algérienne en Tunisie, puis en Irak et plus tard, au Maroc. Il a également été un des proches conseillers de Belkacem Krim, alors ministre de l’Armement dans le premier Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). C’est lui que le GPRA avait chargé de négocier le cessez-le-feu avec l’OAS (Organisation armée secrète), que présidait à l’époque le général Susini. Chawki Mostefaï était également membre de l’Exécutif provisoire au nom du FLN.

    Après l’indépendance, Chawki Mostefaï s’est retiré de la vie publique et a mené une carrière de médecin. Il a vécu sa retraite à El Biar où il s’est éteint ce dimanche.

    «Je me refuse à répondre à toute question concernant la politique suivie en Algérie depuis 1962 à ce jour, parce que j’ai pris volontairement et avec beaucoup d’amertume ma retraite politique ayant été qualifié de traître pour avoir négocié avec l’OAS alors que je n’avais fait qu’exécuter une décision émanant de l’autorité supérieure, le GPRA en l’occurrence. Le GPRA agissant solidairement sous l’empire de la menace d’une déflagration de La Casbah et de Belcourt dont les égouts étaient bourrés d’explosifs suite à l’information que nous a communiquée le commandant Azzedine, responsable de la Zone autonome qui était en relation coopérative avec la gendarmerie française dans la lutte contre l’OAS», avait-il déclaré lors d’un entretien à E Watan.


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  • Non, l’Etat algérien n’est pas en faillite     

     

    Au cours des derniers jours, beaucoup de commentateurs impatients, souvent novices en matière de finances publiques, ont annoncé, avec une sorte de délectation, un «dérapage» des dépenses publiques et  la «faillite» imminente de l’Etat algérien. Comme si la « faillite » éventuelle de l’Etat pouvait être une bonne nouvelle pour qui que ce soit…

     A l’origine de cette annonce «sensationnelle», on trouve les chiffres dévoilés la semaine dernière  par le ministère des Finances lui-même. Pour les deux premiers mois de l’année 2016, les finances de l’Etat affichent une croissance exponentielle des dépenses d’équipement et un déficit record mesuré à plus de 14 milliards de dollars. Stupéfaction dans les milieux financiers. Les spécialistes, que nous consultons immédiatement,  restent quand même  dubitatifs» et évoquent l’inscription probable de dépenses «exceptionnelles».

    Pas de «dérapage» des dépenses

    Une hypothèse confirmée quelques jours plus tard. Le ministère des Finances  a décidé d’inscrire en dépenses, au premier trimestre 2016, tous les restes à réaliser  de 2014 et 2015. Ce qui donnera  aux dépenses publiques des premiers mois de 2016 un profil qui n’est évidemment pas extrapolable à l’ensemble de l’année. Cette démarche est d’ailleurs en droite  ligne avec la politique annoncée depuis l’été dernier et l’adoption de la LFC 2015. Le gouvernement explique en substance depuis plusieurs mois que «tous  les projets en cours d’exécution seront achevés, mais que les nouveaux projets seront examinés au cas par cas et  financés  en priorité par des ressources non budgétaires». Pas de risque donc de «dérapage» des dépenses d’équipement de l’Etat en 2016.

    Dépenses d’équipement de l’Etat : il faut plutôt s’inquiéter de leur diminution 

    C’est même le problème inverse que va, en réalité, rencontrer  l’économie algérienne dès cette année et au cours des prochaines années. Lorsqu’on fera les comptes à la fin de l’année, les dépenses d’équipement de l’Etat, et donc les commandes publiques, seront très certainement en baisse, comme prévu par la désormais célèbre loi de finance 2016. Elle seront même en baisse  de plus de 15 %; ce qui ne manquera pas d’avoir des conséquences sur l’activité économique et l’emploi. D’ou l’évocation de plus en plus fréquente du recours à l’endettement interne et externe pour le financement des infrastructures économiques. D’où aussi l’emprunt obligataire et le retour de l’endettement extérieur avec les projets déjà annoncés comme  la réalisation du port de Cherchell et celui de l’extension du port de Béjaïa qui semble être un peu passée inaperçue.

    Les «couacs»  de la communication du ministère des Finances

    Après les précisions du ministère des finances, l’incident est-il clos et le débat sur le dérapage des finances publiques évacué ? Bien sûr que non. D’abord sur le plan de la forme, on peut  s’étonner qu’une structure du ministère des Finances comme la Direction de la prévision t de la prospective (DGPP) ait pris l’initiative de rendre publiques, et de communiquer à la presse, des statistiques mensuelles manifestement alarmantes  sur l’exécution des dépenses publiques sans les accompagner d’aucune explication.Une initiative d’autant plus regrettable qu’elle intervient quelques jours après le lancement du plus grand emprunt d’Etat de l’histoire de l‘Algérie indépendante. Il faut dire qu’on n’est pas au premier «couac». Le directeur général des impôts s’est déjà illustré en évoquant  le bilan faramineux de «250  dossiers de mise en conformité fiscale» en décembre 2015 et le PDG de la BDL en soulignant, très opportunément, voici quelques jours que l’«argent n’a pas d’odeur» à propos des objectifs de l’emprunt obligataire de l’Etat.

    Soigner la fièvre dépensière de l’Etat

    Le problème n’est évidemment pas non plus réglé sur le fond. L’Etat n’est pas en faillite, mais les années qui viennent s’annoncent  sous des auspices redoutables pour les finances publiques. Un expert algérien réputé nous confie que, dans le cas très probable ou les prix du pétrole restent, au cours des prochaines années, dans une fourchette comprise entre 50 et 60 dollars, ce qui constitue déjà une hypothèse optimiste, l’Etat aura besoin d’emprunter, chaque année, entre 20 et 25 milliards de dollars sur le marché financier. Des montants faramineux que l’Etat ne pourra pas trouver dans la poche des épargnants algériens ni même dans les fonds de l’informel. Il faudra donc qu’il aille les chercher  dans les ressources des banques publiques, qui n’auront pas le choix, et  dont il risque ainsi de «siphonner les ressources» en évinçant les investisseurs privés et publics.

    L’endettement de l’Etat, dès lors qu’il risque de prendre des proportions aussi massives,  est donc clairement une impasse économique. La seule option viable au cours des prochaines années est celle d’une combinaison entre l’accroissement des recettes ordinaires de l’Etat et une réduction progressive, mais très sensible, de ses dépenses qui permettra d’éliminer les déficits colossaux auxquels a conduit la véritable fièvre dépensière des 10  dernières années. Bien sûr, cela demandera  du courage et de la persuasion. On en a eu un premier aperçu à l’occasion des débats sur la loi de finance 2016.


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  • L’Algérie au bord de l’éclatement, selon du magazine "Foreign Affaires"

    "Foreign Affairs" doute des capacités d'Abdelaziz Bouteflika à diriger l'Algérie
      "Foreign Affaires" doute des capacités d'Abdelaziz Bouteflika à diriger l'Algérie

    Washington perd semble-t-il patience avec le pouvoir d’Alger, dont le statu quo sempiternel imposé à tout un pays, par le clan aux commandes des affaire.

    Les signes ne trompent pas. La paralysie imposée par les Bouteflika depuis plusieurs années à tout un pays devient de plus en plus encombrant, dans les relations de l’Algérie avec ses partenaires internationaux. Ce constat imparable est établi par le magazine "Foreign Affaires" (Affaires étrangères), un media de référence connu par sa proximité avec le Département d’État américain. Dans un dossier consacré cette semaine a l’Algérie, le magazine s’est penché sur les incertitudes qui planent sur la scène politique en Algérie ; l’équipe rédactionnelle de cette organe spécialisé dans les questions de politique étrangère, ne cache plus sa perplexité sur le flou qui entoure la politique étrangère de l’Algérie. Le département algérien en charge de ce volet dirigé par deux têtes, Ramtane Lamamra et Abdelkader Messahel est fait rarissime dans les annales du fonctionnement des institutions politiques et diplomatique à travers l’histoire. Le magasine décrit cette situation comme étant une réelle contrainte pour la diplomatie américaine chargée des graves problèmes qui secouent la région.

    Pas seulement. "Foreign Affairs" s’interroge aussi sur la proximité contre nature de l’administration algérienne avec le président Syrien Bachar Al-Assad. Une situation qui irrite a plus d’un titre la maison Blanche et toutes les grandes capitales occidentales. La dernière visite d'Abdelkader Messahel à Damas a plongé plus d'un observation dans la consternation. Que fait Alger à Damas? Quel rôle peut bien jouer la diplomatie algérienne dans le dossier syrien sachant qu'elle n'a aucune prise sur la décision ni sur les belligérants. Ce voyage a été une grave caution au dictateur syrien.

    L’Algérie qui navigue depuis plusieurs années à contre-courant de la volonté de la communauté internationale, et les grands centres de décisions chargés du suivi des questions d’ordres internationales constitue désormais une entrave à l’accélération des efforts internationaux, à gérer notamment la déferlante de l’organisation terroriste Daech dans la région, observe le magazine américain. Le désordre engendré par le maintien d’Assad a la tête de la Syrie, et les répercussions politiques notamment régionale d’une telle situation ne laisse pas indifférent. En tous cas, la direction politique aux commandes en Algérie n’est pas en mesure d’avoir une appréciation équilibrée des enjeux sur le plan régional et international, en raison de l’opacité qui entoure le fonctionnement des institutions, de ce grand pays de l’Afrique du Nord, analyse "Foreign Affairs". La dualité de la diplomatie algérienne est compliquée par l’absence manifeste du président. De fil en aiguille, cette vacance du pouvoir qui a trop duré, estime-t-on, laisse effectivement la voie libre à l’improvisation et à l’infantilisme d’une clique qui agit dans les coulisses, plaçant les intérêts restreints du groupe qui gravite autour du sérail en tête des priorités de l’action politique, au détriment des intérêts suprêmes du pays.

    L’Algérie vit depuis plusieurs années un anachronisme flagrant sur le plan politique : un chef d’État très malade, un gouvernement incompétent et dépourvu de pouvoir de décision et une diplomatie à double face. Le pays est, à en croire "Foreign Affaires", confronté à des challenges multiples et réels, il s’agit de défis colossaux sur le plan internes et externes. Le média numéro 1 aux États-Unis, spécialisé dans la politique étrangère, évoque entre autre les effets désastreux de l’effondrement du prix du brut, sur une économie centrée essentiellement sur la rente pétrolière, ce manque à gagner pour les caisses de l’État risque, précise en substance "Foreign Affaires", d’accélérer la descente aux enfers, d’un pays en panne d’idées, dans l’incapacité de répondre aux multiples demandes d’une population jeune. A savoir : l’emploi, le logement, la mise en place d’une stratégie claire de lutte contre la corruption et la bureaucratie, une somme de phénomènes à l’origine de tous les blocages.

    Le pouvoir d’Alger qui a en effet ressenti le danger d’un embrasement généralisé, au lendemain des soulèvements des peuples de certains pays arabes en 2011, a vite trouvé l’astuce pour éviter le sort de certains régimes dans de la région, notamment le scénario de la Tunisie et de la Libye. Le régime a choisi de se barricader à travers le recours au surarmement, des forces de sécurité, et la dissolution de la plus redoutable instance sécuritaire du pays, en l’occurrence le Département du renseignement et de la sécurité, en le remplaçant par une nouvelle structure baptisée celle-ci, Direction des services de sécurités (DSS), placée sous le contrôle directe du président de la République, et dirigée par un ancien haut gradé du DRS, le général-major Athmane Tartag. Cette dissolution-résurrection est manœuvre que le pouvoir a tenté de présenter comme étant la fin de l’ère de la police politique et de la naissance d’un pouvoir civil. Cette action pour assoir l'absou pouvoir des Bouteflika est présenté comme l’essentiel des réformes entreprises dans la précipitation par le régime d’Alger, constate le magazine américaine. Des mesures visant relève "Foreign Affaires", à assurer stricto sensu la pérennité d’un régime à bout de souffle.

    Mais la donne sur le terrain conclut le magazine Américain laisse croire que le pays est plus que jamais exposé au risque de l’implosion, car la situation peut dégénérer à tout moment, si des reformes profondes n’interviennent pas très rapidement, accompagnées d’une refonte totale des structures du pouvoir. Autrement dit, le lancement effective d’un processus d’ouverture en direction de la jeunesse, seul gage de stabilité pour un grand pays situé dans une région aux prises à une multitudes de défis et de menaces.


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  • Une contribution du Dr Arab Kennouche – Les visions prémonitoires de Houari Boumediene

     
    Houari Boumediene prévenait, en 1977 déjà, des risques avérés d’un retour de la France néocoloniale. D. R.
    Houari Boumediene prévenait, en 1977 déjà, des risques avérés d’un retour de la France néocoloniale. 

    Il semble désormais loin ce temps où les yeux de Boumediene, à la simple évocation du mot «France», se chargeaient de puissants éclairs comme pour nous avertir d’un danger imminent. L’Algérie d’Ahmed Gaïd-Salah, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire, apparaît en 2016 comme une forteresse assiégée, bien plus que comme une nation capable de projeter ses forces armées partout dans le monde. L’ensemble des déclarations des responsables militaires ne sont en effet pas pour rassurer : lignes rouges, frontières en voie de sécurisation, renforcement des contrôles intérieurs, quadrillage, création de nouvelles zones militaires et d’hôpitaux de campagne, autant d’expressions qui dénotent une forme de stratégie défensive peu rassurante pour les néophytes que nous sommes, au regard des expériences éloquentes et meurtrières vécues par les populations irakienne, syrienne et libyenne face aux invasions étrangères. De son côté, Houari Boumediene prévenait, en 1977 déjà, la nation et son ANP des risques avérés d’un retour de la France néocoloniale en créant sur les frontières algériennes une large zone d’influence s’étendant des confins du Tchad jusqu’aux frontières marocaines. Les vues prémonitoires du grand leader algérien sont actuellement en passe de se réaliser au moment où notre ANP montre des signes d’énervement face à un encerclement presque total de l’Algérie. Pourtant, Boumediene nous avait bien prévenus contre cet enfermement insidieux fait de diplomatie économique et d’implantations de bases militaires, en stigmatisant l’émergence d’une zone d’influence élargie (mintaqat annoufoudh) à toute l’Afrique francophone, et ce, contre l’Algérie. Il avait compris que, pour la France, le réarmement du Maroc ne suffirait pas à déstabiliser l’Algérie et qu’il fallait l’étouffer en créant une zone de profondeur stratégique dans le Sahel et au-delà jusqu’aux confins du Tchad et du Nigeria. Coincée entre le Maroc, la Méditerranée et un Sahel truffé de bases militaires françaises, l’Algérie semble aujourd’hui en peine à adopter un discours stratégique répondant aux attentes sécuritaires de la nation. De surcroît, les récentes guerres de Syrie, d’Irak et de Libye sont encore pleines d’enseignements stratégiques qu’il faut extraire des horreurs de la planification occidentale des printemps arabes.
    La balkanisation des pays arabes
    La politique arabe de l’Occident a conduit pour l’essentiel, depuis la première guerre du Golfe, marquant un phénomène irréversible, à un morcellement des territoires nationaux en différentes chefferies sans pour autant mener à l’irruption de véritables indépendances nationales. Les nouvelles formes de pouvoir local oscillent entre un modèle d’organisation administrative presque stable pour certaines ethnies grâce au pétrole (les Kurdes en Irak par exemple sous la coupe des Etats-Unis et d’Israël) ou bien un contrôle anarchique et féodal de vastes portions de territoires par des bandes armées fanatisées comme en Libye et en Syrie dans un climat de guerre civile interminable. Que ce soit en Irak, en Libye ou en Syrie, ces trois pays ont subi des agressions armées fomentées de l’extérieur et jamais résorbées jusqu’à présent. Aucune de ces trois nations n’était en guerre à l’intérieur de ses frontières avant que l’Occident ne décide d’y intervenir militairement sous le prétexte de défendre la démocratie. Le basculement vers la guerre civile fut le résultat d’une agression par un bloc de pays occidentaux sous couvert des Nations unies et avec la bénédiction des Etats du Golfe. Les armées de ces pays arabes ne furent également pas capables de s’opposer à la force de frappe des pays membres de l’Otan ne disposant pas des moyens militaires dissuasifs ou bien capables de projection élargie à l’échelle planétaire. Comment donc réagirait l’Algérie en cas de volonté de la part de l’Otan de la balkaniser comme ailleurs ? Il convient de bien prendre la mesure du concept de balkanisation : il réfère à cette partie du sud de l’Europe où, habituellement, les alliances contre nature en cas de conflit (comme dans les guerres balkaniques des années 1912-1913, ou bien les guerres de Yougoslavie des années 90) se multiplient à l’infini et selon les modèles les moins attendus : Croates et musulmans contre Serbes, Serbes contre musulmans, Bosniaques musulmans contre Serbes de Bosnie, Serbes bosniaques contre Croates pour reprendre les affres du conflit yougoslave. Nous retrouvons les mêmes effets de balkanisation en Syrie et en Libye : Kurdes et Arabes doivent s’allier contre Daech, sunnites contre alaouites, sunnites pro-alaouites contre islamistes, islamistes de Daech contre ceux de l’ALS, islamistes de l’ALS contre ceux d’Al-Nosra, islamistes d’Al-Qaïda contre ceux de Daech...Toutes les formules, toutes les métastases sont possibles en contexte de balkanisation. En Libye, Kadhafi dut rameuter les Touareg berbères du Sud contre les Arabes de Benghazi acquis à Daech, eux-mêmes armés contre d’autres islamistes divisés selon qu’on habite Syrte, Misrata, ou Tripoli et selon, également, la disposition géographique des puits de pétrole (émirat de Benghazi), qui elle-même peut effacer l’élément d’arabité, ou d’islamité ou encore de berbérité lorsqu’un intérêt financier surgit des mains de l’Otan... Lorsque les conflits se balkanisent, les décompositions et recompositions des forces politiques n’obéissent plus à aucun critère, sauf celui de l’intérêt passager ou de la loi des miasmes proliférateurs. L’art de diviser pour mieux régner a malheureusement donné toute sa splendeur dans les pays arabes encore récalcitrants à se soumettre à l’ordre occidental. Une raison fondamentale à cela : des armées encore faiblement dissuasives et incapables de riposter à l’appareil militaire occidental né de la nouvelle guerre électronique, incapables de briser une zone exclusive aérienne, incapables de contourner une mintaqat annoufoudh.
    Faut-il rassurer, avertir ou dissuader ?
    C’est donc avec un intérêt renouvelé que l’on se remémore les propos prémonitoires d’un Boumediene visionnaire. Il ne devinait peut-être pas encore en son temps toute l’importance des dangers d’une zone d’influence occidentale en Afrique, ne connaissant pas encore entièrement le facteur électronique du militaire, qui en décuplerait la puissance. En effet, les printemps arabes de Syrie, d’Irak et de Libye sont là pour nous démontrer que les guerres terrestres sont vouées à disparaître sous les coups de boutoir des avancées électroniques de la guerre aérienne. Alors que nos fameux généraux s’évertuent, jumelles à la main, à nous rassurer sur la sécurité de nos frontières, ou à nous émerveiller par des chaînes de véhicules tout-terrain sortant flambant neufs, nos mémoires restent rivées sur l’extraordinaire force de frappe des aviations occidentales que ce soit en Yougoslavie ou en Libye, toujours détectées trop tard par les quelques radars obsolètes que nous possédons. C’est encore défensivement que nous percevons la sécurité de notre territoire comme s’il ne nous était pas possible d’aller voir ailleurs à 2 000 km, 5 000 km, 15 000 km. Mintaqat annoufoudhavait prévenu Boumediene contre les Français, les voici installés dans l’arrière-cour algérienne, quelque quarante ans plus tard. Aujourd’hui, il ne suffit plus d’avoir 2 000 chars comme en Irak ou en Syrie. Il faut encore disposer de ces radars qui peuvent voir avant que vous ne soyez vus. Il faut localiser l’ennemi dans un espace bien plus grand qu’auparavant : voir, entendre, se dissimuler ne sont plus des activités circonscrites aux frontières terrestres, à la mer territoriale ou à l’espace aérien national, mais à toute l’étendue du globe terrestre. Désormais, il ne s’agit plus de frapper fort, mais de voir et entendre avant tout le monde et de choisir en toute liberté quand frapper à partir d’un ciel immense qu’il faut posséder. Les armées pharaoniennes des pays arabes deviennent impotentes devant la force du radar occidental, la furtivité de ses avions et la puissance de frappe précise de ses missiles. Boumediene ne pressentait-il pas cette occupation gigantesque de l’espace aérien par les puissances occidentales ? N’avait-il pas montré du doigt le danger d’une zone d’influence terrestre décuplée par l’emploi de quelques technologies d’électronique embarquée ? Car qui peut raisonnablement croire à la sécurité d’un pays qui n’aurait pas cette capacité à neutraliser d’immenses étendues de territoires par quelques avions bien équipés en radars et en missiles, ou mieux par des sous-marins furtifs, dotés d’ogives nucléaires, dissimulés à 20 000 km du pays ? L’Algérie n’est toujours pas parvenue à se sanctuariser : sans relâche, elle doit traquer les encore trop nombreux terroristes qui parviennent à infiltrer des armes dans le territoire national. Ses victoires tactiques sont nombreuses, mais elles n’auraient aucune signification si dans le long terme, l’ANP ne réussissait pas à élargir ses capacités de projection bien au-delà de ses frontières directes, au-delà et en revers de cette fameuse zone d’influence ennemie que Boumediene avait vilipendée. Il ne s’agit pas de rêver à une nouvelle course à l’armement et de jouer le va-t-en-guerre dans un contexte géostratégique des plus incertains. Mais comme un écho des prémonitions de Boumediene et devant les expériences désastreuses des défaites militaires arabes, il semble nécessaire de reposer la question de la dissuasion militaire, sans doute pas uniquement nucléaire, pour un pays comme l’Algérie. En effet, on ne peut que rester perplexe devant les assurances d’un chef d’état-major qui, de fait, nous plongent dans une angoisse encore plus grande en jouant presque de la cornemuse alors que les ennemis de l’Algérie avancent leurs pions un à un. Il eût fallu peut-être se souvenir des ces avertissements de Boumediene, comme d’un principe directeur qui aurait conduit l’Algérie à repenser sa doctrine militaire encore trop défensive et trop axée sur la non-ingérence et la défense exclusive des institutions nationales. Pour le moment, l’Algérie semble prise à revers et de côté tant par les groupes terroristes que par les forces occidentales stationnées en permanence dans le Sahel. Les frontières sont devenues poreuses, le territoire national bien trop vaste encore pour une armée trop habituée à ses activités terrestres et ne sachant pas regarder au loin. Sans oublier ces innombrables Etats encore non pleinement sortis de la colonisation et qui viennent renforcer ce glacis de sable sur tout le versant sud du pays. Qui pourrait désormais les dissuader d’agir contre les intérêts du pays ? Seule l’ANP peut nous fournir une réponse à travers son état-major, et sans doute, la voix de Boumediene. Alors faut-il que l’ANP ne fasse qu’avertir, rassurer ou bien doit-elle encore savoir dissuader catégoriquement ? Et que voudrait dire dissuader pour l’Algérie ? Autant de questions auxquelles nous ne saurions répondre pour l’instant, sauf, une fois de plus, à regarder du côté de la Russie et de la Chine, uniques voies d’un élargissement stratégique capable de satisfaire un Boumediene visionnaire.


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  • Nezzar annonce une plainte contre TSA : notre réponse

    09:30  dimanche 29 mai 2016 | Par TSA   
    Khaled Nezzar tsa algérie

    La famille de Khaled Nezzar a annoncé, via un communiqué diffusé hier soir sur son site Algérie Patriotique, avoir déposé une plainte contre TSA pour « diffamation ». La plainte a été déposée en Algérie et en France, précise le fils du général dans un communiqué :

    « Les tribunaux français considèrent les allégations mensongères comme une infraction et le siège connu de « Tout sur l’Algérie » leur attribue la compétence juridictionnelle. Par ailleurs, le droit algérien, en application des articles 298 et 299 du Code pénal, qualifie le contenu des articles d’infraction susceptible d’être initiée en Algérie contre les personnes requises, « Tout sur l’Algérie » disposant d’un bureau avec une existence juridique avérée en Algérie ».

    Notre réponse

    Après avoir écrit un article d’une extrême vulgarité et d’une grande violence contre TSA, accusé entre-autre d’appartenir à la DGSE, la famille Nezzar, gênée par nos écrits, recourt à la justice.

    Nous nous réjouissons de constater que la famille Nezzar découvre enfin l’existence de la justice. Il y a quinze ans, le même fils Nezzar réglait à coups de poings ses différends avec les journalistes, comme le relate Libération dans cet article.

    Mieux, il y a deux ans, le site de la famille écrivait notamment ceci à propos de la plainte déposée par Amar Saâdani à son encontre en France : « Qui l’eût cru ? Le secrétaire général du parti historique qui incarne la lutte de Libération nationale recourant à des avocats de l’ancienne puissance coloniale pour se plaindre de ce qu’un article publié par un site algérien ‘affaiblit’ son parti ».

    | À lire ici Amar Saïdani recourt à la justice française pour forcer Algeriepatriotique à retirer un article


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