• Un député français de droite évoque le risque de «guerre civile» en France

    Un député français de droite évoque le risque de «guerre civile» en France

      

      

    Pierre Lellouch : «Des morceaux du territoire échappent au droit de la république». D. R. 

    C’est sur un ton désabusé que Pierre Lellouch, député français des Républicains, a commencé sa communication au colloque sur le wahhabisme organisé par le Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R) mercredi 18 janvier 2017 à Paris. On le comprend en écoutant la première question qu’il pose et à partir de laquelle il développe son exposé qui est en réalité une présentation de son livre Une guerre sans fin. Cette question est : «Pourquoi est-ce qu’aujourd’hui des jeunes gens nés en France, éduqués en France, peuvent prendre des armes et tuer soit là-bas soit en France ?». Il parle en termes d’«islam et Europe», c'est-à-dire une religion et un continent, n’admettant pas qu’en fait il s’agit des rapports entre pays musulmans et pays chrétiens. Pourtant, il évoque bien les premiers temps de la guerre entre les deux religions en référence à ce qu’il reconnaît être la guerre d’aujourd’hui.

    Pourquoi avoir colonisé l’Algérie ? Pourquoi tous ces ratages postcoloniaux de la part de l’Europe (qui expliquent, d’après lui, les «révolutions» de 2011 et les ratages de celles-ci) ? Ces questions et d’autres qu’il pose implicitement expliquent le passage de Pierre Lellouch à un ton désespéré, au bord de la déprime, qu’il emprunte dans la suite de sa communication. Il en veut à presque tout le monde. Il reproche au gouvernement français de droite en 1976 d’être à l’origine de la situation dans laquelle se trouve la France actuellement.

    Pour Pierre Lelouch, ce gouvernement a décidé en 1976 la suppression des barrières à l’émigration et autorisé le regroupement familial, transformant, selon lui, l’émigration de travail («pour les usines d’automobiles») en émigration de peuplement et fait passer le nombre d’émigrés de quelque 300 000 travailleurs musulmans d’Afrique du Nord à 5 à 6 millions ou probablement plus aujourd’hui, estime-t-il. Il en a résulté, affirme-t-il, «un changement du peuplement en France puisque l’islam s’installe de façon permanente». Pour lui, «c’est un grand retour par rapport à l’histoire du VIIe siècle avec une affirmation non seulement cultuelle, mais culturelle et un changement progressif des codes».

    Il constate – comme, dit-il, le décrit Manuel Valls – l’apparition de «morceaux entiers du territoire qui échappent au droit de la république, aux coutumes, à la langue, aux vêtements des Français, non pas parce que ça devient une zone de non-droit, mais parce que ça devient une zone d’un autre droit, et l’autre droit qui s’applique, ajoute-t-il, est un droit directement issu de l’islam». Il cite à ce propos les travaux de Gilles Kepel. Il cite également un récent rapport de l’Institut Montaigne sur cette question qui «montre qu’un bon tiers des musulmans en France considère que la charia a une valeur supérieure à la loi de la république» et, ajoute-t-il, selon sa lecture de ce rapport, la moitié en réalité souhaite qu’il en soit ainsi. Pour lui, la notion d’islam de France qu’ont essayé de construire les ministres de l’Intérieur successifs depuis 30 ans n’a aucun sens.

    Pierre Lellouch en veut par ailleurs aux «grands groupes californiens qui tiennent internet et qui sont directement complices dans cette guerre». Il leur reproche d’avoir «une responsabilité dans la propagande, les communications, dans l’organisation des attentats», puisque «tout passe par les réseaux informatiques modernes». Il dénonce la complicité entre la Silicon Valley et la barbarie de gens qui égorgent. Il reproche ensuite aux Européens d’avoir désarmé le continent.

    «Comment faire devant une population musulmane qui arrive en Europe et ne souhaite pas s’intégrer et qui, au contraire, souhaite même revendiquer davantage son identité via la religion ?» D’après lui, cette question tarabuste toute l’Europe et, conclut-il, personne ne sait régler ce problème. Il transpose son angoisse à l’avenir du Moyen-Orient (en excluant implicitement l’entité sioniste de cet ensemble). Que reste-t-il ? Soit le risque de guerre civile en France au moment où «ça va déraper», comme le pense, dit-il, le chef des renseignements français, avec le retour de «là-bas» des djihadistes français ; soit l’autre risque, celui de guerre internationale dans laquelle la France serait entraînée. Il termine en revenant au sujet du colloque, qui est l’Arabie Saoudite wahhabite, pour déceler la contradiction de fond de ce royaume qui est d’être wahhabite et protégé par les États-Unis.


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