• GUELMA: 8 Mai 1945: l'évocation douloureuse

     

     

     

    GUELMA: 8 Mai 1945: l'évocation douloureuse

        La commémoration officielle du 77ème anniversaire des massacres sanglants de mai-juin 1945 est marquée à la wilaya de Guelma sur fond de  lourdeurs post-carême et des activités organisées par les autorités locales qui se dérouleront à travers les visites des repères historiques et les vestiges témoins de ce crime colonial imprescriptible ainsi que l'accomplissement de la marche solennelle du souvenir le 8 mai à 16 heures pour défendre la mémoire de toutes les victimes.
     Incrusté profondément dans l'immortelle mémoire collective nationale,le mois de Mai reste le jalon le plus distinctif et le plus expressif dans l'itinéraire douloureux de notre peuple,dans sa dynamique de combat et de sa lutte pour le recouvrement de sa souveraineté. 77 années après,le mois printanier rime toujours avec le mois de l'horreur à Guelma,Sétif,Kherrata...le mois des massacres sanglants de 45000 civils innocents,une évocation macabre qui est intimement liée à la définition de l'acte odieux qui n'est autre qu'un génocide,un crime contre l'Humanité,perpétré par le colonialisme français,au mépris de toutes les considérations pour les valeurs humaines universelles.
       Mardi 8 mai 1945,Berlin s'effondre et l'Allemagne nazie capitule.Un nouveau monde se reconstitue sur les ruines de la SDN et l'on s'agite à organiser la conférence de San Francisco où selon "les rumeurs",l'on devait proclamer l'indépendance de tous les peuples colonisés.A la même heure où fut signé l'acte de capitulation enterrant le totalitarisme nazi,des balles crépitèrent dans nos villes,villages et campagnes pour abattre des manifestants dans leur marche pacifique,donnant ainsi le feu vert à la soldatesque coloniale,soutenue par des milices de colons européens armés,de commettre l'ignoble carnage,dans une "chasse à l'arabe",qui embrasa nos contrées où on tirait à vue et à volonté.Les sinistres Lestrade Carbonnel et Achiary,avaient invité les européens à participer aux massacres:"Messieurs les colons,vengez-vous!" Les ordres émanait des hauts commis de l'Etat français.La France officielle était restée figée dans ses moments d'ivresse,trop anesthésiée depuis Dumbaton Oaks,où elle recevait un strapontin au nouveau conseil de sécurité de l'ONU,siégeant dans une nouvelle configuration planétaire.Au lieu de saisir cette occasion distinctive et user de cette chaire pour mettre en place un dispositif apte à redorer son blason,en jouant la carte de la décolonisation,en libérant l'émancipation des peuples de ses colonies,elle eu dans un désarroi identitaire,un réflexe égoïste à valider la conception fixiste d'avant guerre pour entamer une tonalité de reconstitution de l'échafaudage impérial et raccommoder ses haillons de puissance coloniale dans la répression,la brutalité,le sang et l'horreur.Sur une hypothétique grandeur impériale,l'on parvient à adopter la sottise exemplaire de comportement et commettre la bêtise humaine,qui ne manquera pas d'être rattrapée par l'Histoire.
       Sur les massacres,un journaliste américain écrira: "It was an open season" pour décrire la chasse à volonté,tuant sans témoin dans un rythme de plus de 500 mises à mort par jour,jusqu'au 26 juin 1945. Dans cette féroce campagne de terreur d'Etat qui fit des dizaines de milliers de victimes,qu'aucune comptabilité macabre n'arrive à dénombrer avec exactitude,l'horreur avait atteint son paroxysme de violence psychotique,criminelle et irrationnelle,avec des expéditions punitives meurtrières,sous l'impulsion d'un tribunal de salut public dirigé par le sous préfet André Achiary et son supplétif bachagha local en laisse.Les sentences étaient collectives,sans distinction et les condamnés étaient conduits en plusieurs "charretées" vers les pelotons d'exécution à l'extérieur des remparts de la ville.
       A la mi juillet 1945,un relatif retour au calme a été observé et c'était le temps des constatations et des justifications.Les massacres étaient assez choquants et très extravagants.Le pouvoir central en métropole constate que sur le nombre des victimes de cette boucherie,plus d'un cinquième ont été perpétrés sur la population de Guelma et sa région,cataloguée comme étant une zone paisible et sans problème.Pour cela des enquêteurs gouvernementaux furent envoyés sur les lieux du drame avec une orientation de prendre la bonne mesure de ce qu'il faut cacher.Il fallait coûte que coûte semer le doute et nier même les évidences sur le carnage et maquiller les vérités.Le crime ordonné par le "boucher de Guelma" était inexplicable et injustifié et qu'il fallait recourir aux subterfuges  et aux mensonges pour parvenir à tromper l'opinion publique française et internationale.Dans son rapport référencé sous le n° 346/45 du 27 juillet 1945,l'Office of Strategic Services (OSS) agence de renseignements US,ancêtre de l'actuelle CIA ,décrivait l'état de panique apparent du pouvoir colonial en ces termes:"les autorités françaises sont honteuses de la sévérité des actions de représailles et ne veulent pas que le monde extérieur connaisse la vérité". Dans un pragmatisme avéré,l'activisme  du mouvement national algérien avaient ancré son parterre avec les militants survivants dans le but de réanimer le creuset nationaliste foncièrement établi à Guelma.En 1947,alors que la région pansait encore ses bessures,Mohamed Boudiaf,Larbi Ben Mhidi et Mokhtar Chergui s'étaient rendus à Guelma pour installer la cellule de l'OS.Un nouveau processus venait d'être déclenché.
       Dans l'interminable marche du temps,les sanglants massacres de mai-juin 1945,resteront les faits les plus tragiques de notre histoire nationale,où l'élan pacifique,profondément humaniste du peuple algérien,fut rompu outrageusement par les représentants de l'Etat colonial français,dans une  féroce violence,perpétrant l'un des plus abjects crimes contre l'Humanité.77 années après,la commémoration préserve son cachet particulier d'humilité et de dignité,devant les douleurs du passé traumatisant et l'ambiance alourdie par toutes ses charges émotionnelles que l'on ressent dans l'accomplissement du devoir de mémoire.La portée expressive du geste à l'unisson dans la rituelle marche du souvenir est bien significative en fédérant les générations d'aujourd'hui dans la défense de la mémoire de toutes les victimes du colonialisme,à travers la recherche scientifique,dans une quête de la vérité sur notre identité historique et faire jaillir ses réminiscences dans la mémoire collective nationale. A travers cette auguste marche du souvenir,nous revisitons notre histoire,faisant allégeance au recueillement dans la dignité par devoir de mémoire.Dans cette dimension mémorielle,il nous importe peu que l'ancien colonisateur tourne le dos à son passé criminel tout en perpétuant sa turpitude à nier les évidences historiques avec les lambeaux de la dénégation,car la mémoire demeurera toujours immortelle.Dans sa valeur intrinsèque la mémoire de la Nation algérienne ne se limite pas à à des lectures partielles et sélectives avec de présumées reconnaissances choisies au volet des humeurs d'un historien en herbe ou d'une caste de gouvernants qui s'amenuisent à nous faire avaler les pilules de la diversion.Le peuple algérien n'admet pas que l'on traite le sujet mémoriel en filigrane et insiste pour que le débat ne doit pas s'articuler uniquement sur les violences de la guerre de libération,les massacres sanglants de mai-juin 1945 ou encore les brutalités nucléaires au Sahara algérien,mais doit impliquer sans cloisonnement toute la saga de sa révolution bénie et sa résistance qui a duré 132 années,combattant la politique coloniale d'extermination érigée depuis la conquête en système génocidaire déshumanisant. A travers son respect révérencieux à la proclamation du 1er novembre 1954,le peuple ne manque jamais d'indexer la "France coloniale" est ses cellules dormantes qui cherchent à détourner le torrent populaire de sa foi inébranlable et sa volonté de se dédouaner de toute forme d'asservissement.Les derviches hurleurs et les doctes du chaos soutenus par l'empire du libéralisme sauvage prôné par l'internationale sioniste et ses nébuleuses obscurantistes actionnant des roitelets et autres chameliers aventuriers,ne se doutent aucunement que la terre a déjà tremblé sous leurs pieds déclenchant la mise à mort de la grande imposture dénudée dans sa lente agonie.
    Game over pour Marianne et ses enfants.Place à la liberté des peuples qui veulent avancer sereinement dans leur émancipation.Les hommes et les femmes de l'Algérie  Nouvelle,sont résolument engagés à préserver la mémoire de tous ses martyrs en maintenant les cierges allumés éternellement en vue d'affermir et consolider leur ressourcement spirituel contre toutes les tentations de l'oubli.Pour que nul n'oublie,le combat doit continuer.
     

     

     

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