• Boualem Sansal, le sourire dissident

    Boualem Sansal, le sourire dissident

     

    Le romancier algérien est la bête noire du pouvoir autant que des religieux. Il s’en amuse

     

    plus qu’il ne s’en inquiète, et écrit de plus belle. En témoigne « Le Train d’Erlingen ».


    L’écrivain algérien Boualem Sansal, en 2016.

     

    Quand on converse avec l’écrivain algérien Boualem Sansal, à la fois lauréat du prestigieux Prix de la paix des libraires ­allemands (2011) et, selon son expression, « tête de Turc » de la presse officielle dans son pays, on comprend un peu mieux ce que signifie l’esprit de dissidence. Son art ­certain de la provocation tranquille crée un tollé à chacune de ses interventions. Sa récente dénonciation, dans une émission d’Arte (« 28 minutes », le 3 septembre), des conditions imposées par le ­gouvernement algérien aux migrants, traqués et expédiés sans ménagement en direction des dangereuses frontières du Mali ou du Niger, lui a valu un : « Boualem Sansal compare l’expulsion des migrants à la rafle du Vel’ d’Hiv » de certains journaux algériens scandalisés. « Les petits camarades qui [le] guettent jour et nuit » ne le manquent jamais ; « Ma réputation d’antialgérien, antiarabe, antiislam en sort grandie », conclut-il, amusé de l’incident.

    Il se refuse à l’exil

    Modeste sans affectation, il paraît toujours s’étonner des réactions, positives ou négatives, qu’il suscite. « Les intellectuels, universitaires, prof de lettres, journalistes qui restent encore en Algériene m’aiment pas beaucoup ; car dans cette couche-là, produite par le système, le nationalisme demeure dans la ligne. Je suis un peu leur souffre-douleur. » Et cette hostilité n’a pas l’air de l’émouvoir. Il se refuse, lui, à l’exil, se satisfaisant de son ­petit îlot préservé de Boumerdès, à une cinquantaine de kilomètres d’Alger, ville-campus vouée aux universitaires et aux étudiants, une société qu’il qualifie de « plutôt bobo ». Hors de ce lieu d’origine, son écriture n’aurait plus aucun sens, juge-t-il.

    Lorsqu’il s’aventure hors de ce territoire, les choses risquent souvent de mal tourner. Ainsi, en 2012, de sa visite au Festival international des écrivains, à Jérusalem, à l’issue de laquelle il s’est payé le luxe de déclarer qu’« il...




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