• Armée - Peuple : que faire maintenant ?

     

    Armée - Peuple : que faire maintenant ?

    Le peuple se dresse depuis cinq semaines comme un seul homme contre le système. Historique ! Révolutionnaire ! Sommes-nous tentés d'avancer. Mais qu'en est-il réellement ?

    Depuis le démission de Bouteflika on assiste à une scénario qui se répète. Les étudiants marchent tous les mardis, le même jour ou le lendemain, Ahmed Gaïd Salah discoure et répond aux Algériens, comme un président. Et vendredi, le peuple administre sa réponse au vice-ministre de la Défense. Entre ces deux jours, des arrestations médiatisées visant des hommes d'affaires ou proches du clan Bouteflika alimentent le quotidien des Algériens.

    Evidemment, le général Gaïd Salah homme puissant de l'heure, voit à travers ces arrestations une réponse aux manifestants. La seule qui pouvait les satisfaire. Mais derrière, il règle de vieux comptes laissés en suspens.

    Mais le mouvement de dissidence populaire a une autre revendication de sortie de crise.

     

    Pour ce dernier, le général Gaïd Salah, Abdelkader Bensalah et leur génération sont terminés. Leurs discours d'un autre temps et leur autisme illustrent ce malentendu générationnel et existentiel. La preuve ? Non seulement ils ne comprennent pas du tout les aspirations des Algériens mais ils manoeuvrent pour essoufler le mouvement.

    Il y a une loi cardinale : on ne peut être un réformateur d'un système après avoir été un de ses rouages les plus déterminants. Il y a une mal donne.

     

    Il est utile de rappeler qu'en quelques années, l'Algérie a beaucoup changé. Cela n'est pas allé sans quelques bouleversements de la société. Il y a désormais comme un fossé infranchissable entre ceux qui ont en main le pays et ces millions de jeunes qui sortent tous les vendredis pour réclamer leur départ.

    En 2018, 54 % des habitants avaient moins de 30 ans et 30 % moins de 15 ans. Cette génération de dissidents pacifiques souhaite et réclame même une autre gouvernance que celle connue jusqu'à présent.

    Ce que ne voient pas le général Gaïd Salah, le président par intérim Abdelkader Bensalah et leur entourage c'est que le besoin de changement est puissant. Pressant auprès de cette jeunesse.

    Cette jeunesse est un peu comme ce oisillon qui brise timidement la coquille d'œuf. Il le fait naturellement mais avec détermination pour paraphraser Tolstoï. Une fois dehors, personne ni rien ne peut l'y remettre.

    Pour cela et pour de nombreuses raisons (économiques politiques et structurelles), il urge que des décisions énergiques soient prises pour répondre positivement au mouvement populaire.

    Les deux hommes clés au pouvoir, tous deux au crépuscule de leur vie, ont cette occasion historique d'être cette matrice de renouveau. Sont-ils seulement à la hauteur de comprendre cette séquence révolutionnaire que vit l'Algérie ? Peu sûr.

    On ne peut pas dire comprendre le mouvement populaire et accuser la main de l'étranger d'être derrière le mouvement populaire.

    Pas seulement. Les finasseries politico-judiciaires auxquelles ils se laissent aller n'augurent rien de bon. Répondre à un problème éminemment politique par une solution policière est la meilleure manière de tromper l'opinion. De désespérer les Algériens, voire de les pousser dans une voie radicale. Se jouer du moral des Algériens en brouillant les messages, en réactivant l'arrière-ban des traditionnels clients du pouvoir c'est susciter des divisions parmi les Algériens.

     

    Mettre en branle aujourd'hui cette même justice qui a cautionné pendant 20 ans les dérives de Bouteflika c'est mettre la charrue avant les bœufs. L'heure est à la solution politique. La vraie.

    Le sort fait actuellement au clan Bouteflika et sa clique est la meilleure leçon à retenir pour comprendre que si le peuple est éternel, le pouvoir, lui, ne l'est pas. Il peut même conduire à une avanie. Le général Gaïd Salah, puisque c'est lui le vrai détenteur du pouvoir, devrait le savoir.

    Après avoir fait arrêter à tour de bras de nombreux anciens hiérarques, que va-t-il faire maintenant ? Veut-il seulement répondre favorablement à ces millions d'Algériens qui réclament un changement radical des hommes et des pratiques politiques ? Attendons de voir les tout prochains jours ?


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